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QUTUF... : L'Imâm Mâlik
 
 

Mâlik et le pouvoir politique

Mâlik a vécu sous le régime de 13 califes, huit califes omeyyades et cinq abbassides. Il ne s'est jamais déplacé pour visiter la cour à Bagdad. Les omeyyades avaient installé un protocole de cour, avec un baise main pour le calife, et des courbettes en tout genre ; Mâlik refusait de suivre cette étiquette. Le rapport de Mâlik avec la cour était un rapport de savant à gouvernant. Le rôle du savant, d'après Mâlik, est d'orienter vers le commandement de Dieu, d'être un conseil pour le gouvernant et de ne pas se soumettre à la volonté du gouvernant. Le rôle du gouvernant est de gouverner selon la volonté divine, en s'aidant en cela par le savoir et le conseil des savants. Dans un tel rapport, le savant n'est pas un vassal du pouvoir mais formait une classe sociale à part. Mâlik plaçait les savants entre le pouvoir et les gouvernants. Tout en étant sujet du calife, le savant reste le défenseur du droit divin. Mâlik, plus qu'aucun autre savant, avait conscience de sa stature de savant. Il refusait de s'humilier ou d'être dans une position l'exposant à remettre en cause sa stature de savant. Ishâq al Hanafi إسحاق بن إبراهيم الحنيني a rapporté que Mâlik lui a dit : « Par Allah, je ne suis jamais entré voir un roi de ces rois sans que, avant de le voir, Allah ôte de mon cour sa prestance. »

والله ما دخلت على ملك من هؤلاء الملوك حتى أصل إليه إلا نزع الله هيبته من صدري

Ibn Wahb a rapporté le hâdîth suivant de Mâlik : « J'ai rencontré Al Mansoûr qui recevait des Hachimites qui embrassaient sa main et son pied. Allah m'a préservé de cela ».

Bien qu'il reçoive d'eux de l'argent et des cadeaux, Mâlik n'était pas un savant de la cour. On rapporte que Mâlik recevait du calife Ja'far 600 milles dinars. Il recevra des sommes aussi importantes de Hâroûn ar-Rachid. Quand on posa la question à Mâlik sur la légalité de recevoir les dons des gens au pouvoir, il répondait qu'il était du droit du calife de donner de l'argent du trésor public (Bayt al mal) aux savants pour qu'ils puissent se consacrer au savoir sans soucis matériels. Quant à l'origine de l'argent (licite ou illicite) cela était la responsabilité de celui qui donne. Quand des sommes étaient envoyées à Mâlik sous certaines conditions, il refusait le don. Ainsi, Al Mansoûr lui envoya 300 milles dinars, en lui demandant de venir le voir rapidement, Mâlik déclina le don et la demande du calife. Il se passa que peu de jours, le calife lui envoya 600 milles sans condition cette fois. Mâlik dira alors : « Celui qui abandonne une chose pour Allah la lui redonne avec intérêt ». Quand des cadeaux lui étaient remis en présence de public, Mâlik les refusait, craignant que son acceptation puisse être interprétée comme une allégeance inconditionnelle au calife. Mâlik était au-dessus de toute injustice envers eux. Ainsi, il reconnaissait le savoir de certains gouvernants, comme eux-mêmes reconnaissaient le sien. Le calife abbasside Aboû Ja'far al Mansoûr le présenta comme étant le plus savant en terre d'islam. Hâroûn ar-Rachid de son côté fit à son sujet la déclaration suivante: « Je n'ai jamais rencontré plus instruit que lui ». On rapporte que Mâlik est arrivé un jour à l'audience d'Al Mahdi, le calife qui fut son élève. La salle était pleine et Mâlik ne voulait pas d'asseoir à l'arrière par respect pour le savoir qu'il portait. Mâlik dit : «  O prince des croyants, où va s'asseoir ton cheikh Mâlik  ! ». Alors, Al Mahdi fit de la place à coté de lui et lui dit : «  ici tout près de moi  ». Même dans les choses minimes, Mâlik refusait de faire des concessions, comme le rappelle cette anecdote. Il était en présence d'Al Mansoûr qui éternua, Mâlik lui dit : « que Dieu te fasse miséricorde » comme le préconise la sunna. A la fin de la rencontre, une personne de l'entourage le réprimanda pour cela, en lui affirmant que la stature du calife ne permettait pas cela. Une autre fois, le calife éternua et la personne, qui avait réprimandé l'imam lui fit signe de ne rien dire, alors Mâlik s'adressa au calife : «  Dis moi que préfères-tu le commandement de Dieu ou celui du diable   ? ». Le calife dit qu'il réclamait le commandement de Dieu, Mâlik dit alors : «  Que Dieu te fasse miséricorde  ». Mâlik n'aimait pas les flatteries : il n'aimait pas être flatté, ni flatter quelqu'un, ni être en présence de flatteurs. A cause de cela il évitait les réunions publiques et les cérémonies officielles. Un jour, un prince vint lui rendre visite chez lui, les personnes présentes se sont mises à l'honorer et à le flatter. Mâlik qui n'a pas l'habitude de la colère, les réprimanda et dit au prince : «  Que leurs flatteries ne te trompent pas sur ce que tu es. Ceux qui te flattent aujourd'hui, te calomnieront demain. Tu sais mieux qu'eux ce que tu vaux, et rappelle- toi la parole du prophète : jetez de la terre au visage du flatteur  ». Mâlik n'hésitait pas à rappeler à la modestie, même les hauts personnages du pouvoir. Il appliquait en cela le hâdîth du prophète, bénédiction et salut soient sur lui, concernant le conseil aux gouvernants. Un des élèves de Mâlik lui reprochait ce contact avec un pouvoir corrompu et tyran, Mâlik répondit : «  Il est du devoir de chaque musulman et de tout homme à qui Dieu a donné de la science et du fiqh , de rentrer voir ceux qui ont un pouvoir, pour leur ordonner le bien et leur interdire le mal. Ainsi, on verra la différence entre la visite du commun et celle du savant  ». Mâlik voyait le devoir d'obéissance au gouvernant et l'interdiction de se révolter contre eux. Une fois l'allégeance faite à un calife, il ne légitimait pas de se révolter contre lui et préconisait la patience et le devoir de conseil. Il était impératif pour lui que tout calife obtienne en premier l'allégeance des deux villes saintes, la Mecque et Médine. S'il n'a pas obtenu cette allégeance, Mâlik ne lui reconnaît pas la légitimité de calife mais n'autorisait pas la révolte contre lui. Toujours cette prédominance de Médine sur le reste de la Oumma. Si un calife obtenait l'allégeance de deux villes saintes, le reste de la Oumma devait suivre.

 Ses rencontres avec les califes se faisaient pendant le pèlerinage ou lors de la visite de ces derniers à Médine. Mâlik ne s'est jamais rendu à Bagdad, siège du pouvoir. Il agissait alors en conseiller spirituel et moralisateur. Mâlik leur rappelait leurs devoirs envers la Oumma et le poids de la charge qu'ils assument. Il écrira une épître à Hâroûn ar-Rachid vers la fin de sa vie, qui compte parmi les meilleurs sermons adressés à un gouvernant. Il est la référence en la matière. Il écrivait à un autre calife : «  Crains le jour, où seuls tes actes te sauveront, et prends exemple sur ceux qui t'ont précédé et crains Dieu  ». Mâlik n'hésitait pas à contredire les califes, quand il estimait être dans son rôle de savant. Ainsi, Aboû Hamid al-Ghazali rapporte qu' Aboû Ja'far , a eu une vive discussion avec l'Imam Mâlik dans la mosquée du Prophète. Lorsque Mâlik le reprit en lui disant: « Ô Prince des croyants! N'élève pas la voix dans cette Mosquée, car Dieu a admonesté des gens en leur disant : " N'élevez pas la voix au-dessus de celle du Prophète ". Et Il a loué des gens en disant: " Ceux qui parlent à voix basse devant l'Envoyé de Dieu... " Enfin, Il a fortement blâmé des gens en disant : la plupart de ceux qui t'appellent [Prophète] de l'extérieur de tes appartements ne réfléchissent pas. " Ainsi, le caractère sacré de la personne du Prophète demeure le même après sa mort qu'il fut de son vivant » Devant ces paroles, Aboû Ja'far s'humilia et dit : Aboû ' Abdallah !   Dois-je m'orienter vers la Qibla pour faire mes invocations, ou alors me tourner vers l'Envoyé d'Allah ? » Alors Mâlik lui dit: « Pourquoi détourner ton visage de lui, alors qu'il sera ton Intercesseur et celui de ton père Adam auprès de Dieu le Jour du Jugement ? Au contraire, mets-toi en face de lui (c'est-à-dire de sa tombe), et   demande à Dieu de t'accorder son intercession. Dieu la lui accordera. Dieu a dit: « Si seulement lorsqu'ils se faisaient du tort à eux-mêmes, ils étaient venus (te voir) demander pardon à Dieu, et que le Prophète avait sollicité pour eux le pardon, assurément ils auraient trouvé auprès de Dieu une indulgence et une compassion totales. »    (sourate An Nissa 4, verset 64) Aboû Ja'far dira un jour à Mâlik après l'avoir interrogé sur le licite et l'illicite : « Tu es par Allah le plus sage et le plus savant des gens ». Mâlik protesta, Aboû Ja'far dit alors : « Tu es trop modeste. Par Allah, si tu restais à mes cotés, j'écrirais tout ce que tu dis comme on écrit les corans et je le diffuserais dans les horizons et j'obligerais les gens à l'adopter ». Mâlik déclinera cette proposition.

Un jour, Hâroûn ar-Rachid n'a pas tenu un serment, il questionna les savants de la cour sur ce qu'il devait faire. Les savants lui répondirent de libérer un esclave, comme le prévoit le Coran. Hâroûn demanda son avis à Mâlik, qui répondit qu'il fallait qu'il jeûne trois jours. Le commandement divin est de libérer un esclave, et si on n'a pas les moyens ou on ne trouve pas d'esclaves, de jeûner trois jours. Hâroûn dit à Mâlik  : «  Me juges-tu de ceux qui n'ont pas les moyens (de libérer un esclave)?  ». Mâlik lui dit : «  O prince des croyants, tu n'es que le dépositaire de l'argent que tu as, il est le bien de Dieu et des musulmans. Jeûne alors  ». Hâroûn ar-Rachid , calife et prince des croyants, gouverneur du plus grand et plus riche royaume sur terre, celui qui regardait les nuages en leur disant : «  Allez où vous voulez, c'est sur mes terres que vous tomberez  » ; le plus puissant monarque de la terre jeûna trois jours. Une autre fois, Mâlik vit un prince aller au pèlerinage dans un cortège somptueux, il lui dit : «  'Omar Ibn Al Khattab , malgré sa stature soufflait sur le feu pour l'allumer jusqu'à ce que se voit la fumée sortir de sa barbe. Les gens l'ont accepté, alors qu'il n'avait pas ce que tu as, et il n'en avait pas besoin pour s'imposer  ». Une autre fois Hâroûn ar-Rachid interdit à Mâlik d'enseigner un hâdîth qui pour lui est une flatterie pour son ennemi Mou'âwiah Ibn Abî Soufyân معاوية بن أبي سفيان. Mâlik refusa et rappela au calife le verset coranique 159 de la sourate Al Baqara

إِنَّ الَّذِينَ يَكْتُمُونَ مَا أَنْزَلْنَا مِنَ الْبَيِّنَاتِ وَالْهُدَى مِنْ بَعْدِ مَا بَيَّنَّاهُ لِلنَّاسِ فِي الْكِتَابِ أُولَئِكَ يَلْعَنُهُمُ اللَّهُ وَيَلْعَنُهُمُ اللاَّعِنُونَ
Certes ceux qui cachent ce que Nous avons fait descendre en fait de preuves et de guide après l'exposé que Nous en avons fait aux gens, dans le Livre, voilà ceux qu'Allah maudit et que les maudisseurs maudissent.

Au lieu d'être en colère, le calife ordonna au gouverneur de Médine en 173H de ne rien décider sans l'accord de Mâlik. Ainsi doit être le comportement du savant dans l'Islam, il doit être un exemple, même pour les gouvernants.

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