L'opinion : Ra'y - رَأْ ي

Le terme ra'y ( رَأْ ي , opinion) désigne l'opinion personnelle. En fait, le ra'y chez Mâlik consiste à choisir soit la solution qui lui semble la meilleure ( رَأْ ياِستِحسان istihsân approbation), soit celle qui répond au principe d'utilité générale ( رَأْ ي اِستِصلَح istislah convenir; être approprié). Le terme de ra'y n'est pas pris dans le même sens pour les autres écoles. Seule l'école hanafite admet le principe du ra'y comme principe de droit. Les seules limites fixées au ra'y furent déterminées dans la religion et la morale prescrite. Le ra'y fut soit un qiyâs , soit un istihsân (intérêt général), soit un usage ou une tradition léguée par les compagnons. La sunna a confirmé le rôle du ra'y et le hâdîth célèbre de Mu'ad ibn Jabal est assez explicite à ce sujet :

Le Prophète l'ayant désigné comme juge au Yémen, lui posa auparavant ces quelques questions : "Comment jugerais-tu si on te demandait de juger ?" Mu'ad répondit : "Je jugerais d'après le Coran", le Prophète insista : "Et si tu ne trouvais pas de réponse dans le Livre du Principe (Dieu)". Mu'ad rétorqua : "Je jugerais alors d'après la Tradition de son envoyé" ; "Et si tu ne trouvais pas d'exemple dans la Tradition ?" Mu'ad conclut : "Je ferais appel à mon jugement". Le Prophète loua le Principe (Dieu) et autorisa Mu'ad à juger ainsi.

Mâlik considère que l'ijtihâd du compagnon découle de l'aiguisement de son sens juridique grâce à l'éducation prophétique qu'il a reçue. Beaucoup de savants ne considèrent pas Mâlik comme un adepte de l'opinion. En fait, le ra'y a pour eux un côté négatif et condamnable. Ils opposent les savants du texte ( hâdîth) aux savants du ray. Les extrêmes tel que les Murtazilla ont été considérés comme des gens du ra'y, leur doctrine repose sur une opinion personnelle et non sur un texte législatif. Le terme restera avec une connotation détestable. On voit que les Mâlikites eux même se séparent en deux groupes entre ceux qui acceptent la paternité du terme et ceux qui le refusent et lui préfèrent Ijtihad. Si la méthode de Mâlik diffère de celle d'Abou Hanifa, reste qu'il émet bien des avis personnels sur plusieurs points dans Al Muwwata, bien que Mâlik, au contraire d'Abou Hanifa, refuse de répondre aux questions portant sur des suppositions. Il ne répondait qu'à des questions portant sur des événements qui se sont produit.  

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