Le treizième jour : la constance ou Sabr صبر
Je me refugie auprès d'Allah l'Auditent et l'Omniscient contre le mal et sa récompense. Au Nom d'Allah le Tout Miséricordieux le Très Miséricordieux, et que le salut et la paix d'Allah soient sur le plus noble des messagers, notre bien aimé prophète Muhammad. Louange à Allah, nous recourons à Lui et nous Lui demandons de nous guider, nous pardonner, et nous préserver de nos mauvaises actions : « Celui qu'Allah guide, c'est lui le bien guidé. Et quiconque Il égare, tu ne trouveras alors pour lui aucun allié pour le mettre sur la bonne voie ». L' Omnipotent déclare dans le chapitre 3 verset 200 :
Ô les croyants! Soyez endurants. Incitez-vous à l'endurance. Luttez constamment (contre l'ennemi) et craignez Allah, afin que vous réussissiez!
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اصْبِرُوا وَصَابِرُوا وَرَابِطُوا
S'il y a une qualité que doit avoir chaque musulman, c'est bien la patience. Si le Coran inciste beaucoup sur la constance c'est qu'il la considère comme la vertu des saints et des prophètes. La patience n'a d'autre récompense que le paradis comme le rapporte plusieurs hadiths. Cette constance est-ce un chemin, une vertu ou un but inaccessible ? La patience n'est malheureusement pas innée et très volatile comme nous le rappelle le verset coranique. Allah nous préconise l'endurance ; de nous y exercer et de nous y conformer. La patience est la maîtrise de soi, elle se manifeste face à une attente, à une tension ou face à des difficultés. La constance consiste à supporter les maux et les contrariétés avec égalité d'âme, de peur que l'inégalité de l'âme ne déplaise à notre Seigneur. La constance consiste à se retenir de se plaindre malgré une impatience cachée. C'est éduquer son âme aux bonnes manières et ne pas faire du tort. La constance se caractérise par une résistance et une fermeté de l'âme qui lui permet de résister aux choses capables de l'ébranler. Il existe donc une différence entre la patience et la constance. Pour faire plus simple, on dira que la patience est le contraire de l'impatience, mais que la constance est un état en soi.
La patience amène à la constance et à la persévérance. La constance est une clé pour l'aboutissement de soi et une qualité indispensable pour cheminer vers Allah. Cette clé va nous ouvrir les portes du monde spirituel mais aussi celles qui mènent à notre âme. La religion n'est pas que le licite et l'illicite, l'amour du prochain et d'Allah sont le but de la voie. La patience est suscitée, volontairement ou non, et elle s'exerce de façon consciente comme une réponse à une excitation. Elle est volontaire dans le cas d'un abandon total à la volonté divine, elle est par contre subie dans les autres cas. La constance est l'ouvre d'une existence vertueuse entière et non un but que l'on atteint en quelques jours. La constance est le contraire d'une force d'inertie réactionnaire dans un système où la vitesse, le changement et l'adaptabilité personnelle sont des réalités quotidiennes. Cette constance-là ne serait que de la faiblesse, de l'apathie et du renoncement stérile. La constance de l'homme est louable si elle vise la satisfaction d'Allah, c'est celle qui mérite le nom de vertu. Le musulman aimerait mieux supporter le mal sans le commettre, que de le commettre en ne le supportant pas. C'est sa constance qui lui donne se pouvoir d'endurance. Ainsi grâce à la constance il modifie la donne : les maux qu'il souffre sont plus légers, et il échappe aux maux plus graves dans lesquels il tombait par l'impatience. Comment la constance rend-elle plus léger ce qui n'est que souffrance et douleur ! Ces derniers ne sont que la représentation que nous faisons du monde et du moment, nous fixer sur la douleur ne fait que la rendre plus intense, plus insupportable. Ce sentiment prend le dessus sur tout et nous ne voyons plus le monde que par le prisme de cette souffrance. Au contraire, la laisser passer en la supportant, accélère son passage et diminue son emprise sur nous. La constance s'exerce dans deux directions : contre les agressions extérieures et contre l'impatience interne. Etre patient lors de maladie, de grandes difficultés et d'injustice est la forme externe de la patience. Bien que louable, ce n'est qu'une forme de patience, elle est dans la plupart des cas subie et nous n'y pouvons rien. En effet, comment se guérir ou comment repousser les difficultés qui nous dépassent ? On est obligé de supporter même si on ne veut pas, ceci n'est pas de la constance, mais du fatalisme. Voir dans ce qui nous arrive une possibilité de rédemption, une porte ouverte vers le paradis, voilà qui change entièrement la vision de la même sensation. Les faits ne changent pas c'est la manière de les traiter qui changent. Nous allons dans cette phase tirer profit de ce que nous subissions avant, ce qui est une épreuve difficile doit apparaître maintenant une lumière dans l'obscurité. Sache d'abord qu'il ne peut y avoir de constance sans l'aide d'Allah comme nous le rappelle le verset 127 du chapitre 16 :
Endure! Ton endurance ne viendra qu'avec l'aide d'Allah.
وَاصْبِرْ وَمَا صَبْرُكَ إِلا بِاللَّهِ
A ce stade, on pourrait demander si la constance est un don de Dieu ou une force de la volonté humaine. Si nous disons que la constance est un don de Dieu, nous ne pouvons la reprocher à ceux qui ne l'ont pas; si au contraire nous disons que ce n'en est pas un, nous avouerons par là que sans le secours de Dieu, il peut y avoir quelque bien dans la volonté de l'homme. La réalité est entre les deux, elle est plus aisée à certains, ce en quoi elle est comme un don ; elle est plus difficile pour d'autres et demande plus le secours d'Allah. En fait, la constance sans l'aide d'Allah ne serait qu'orgeuil et machiavélisme. La souffrance n'est pas nécessaire pour atteindre le divin, la souffrance est un accident de parcours. La constance qui traite cet accident ne doit pas se transformer en show à la gloire de celui qui est patient. La constance ramène les choses à leur vraie valeur c'est-à-dire temporelle. Tout ce qui nous arrive n'est que temporel, et le temps finira par l'effacer. En faire le centre de tout, serait lui donner une valeur qu'il n'a pas. Concrètement comment être constant ? Sache d'abord que la constance se travaille chaque instant de la vie. Devant une personne désagréable, sourie; devant l'injustice recours à l'invocation d'Allah. Je te le résume par un conseil du prophète, sur lui salut et bénédictions :
« Rends ta bouche douce par l'évocation d'Allah. L'évocation d'Allah à chaque instant de la vie, endure et forge le caractère du musulman. Il le rattache à son Créateur et forge l'obéissance. »
Treizième jour, la constance ou le jeûne de toute impatience. Je prie le Miséricordieux de faire de nous des constants résistants à nos impulsions et à nos tentations et le salut et les bénédictions sur notre bien aimé Muhammad.
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