Le huitième jour : la fuite ou firâr الفرار
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux pourvoyeur des hommes en toutes choses, qui n'a point laissé de coin d'ombre dans la religion afin que nous puissions la suivre en toute aisance et en toute simplicité et le salut sur Son prophète qui nous l'a transmise et éclairé par son comportement et sa sunna. Allah, par l'intermédiaire de Son prophète, nous donne cette injonction dans le chapitre 51 verset 50 :
« Fuyez donc vers Allah. Moi, je suis pour vous de Sa part, un avertisseur explicite. »
فَفِرُّوا إِلَى اللَّهِ إِنِّي لَكُمْ مِنْهُ نَذِيرٌ مُبِينٌ
La fuite est un acte naturel face au danger, nous sommes tous programmés depuis notre création pour nous maintenir en vie. La fuite est un de ces moyens de se maintenir en vie par un acte instinctif qui n'a rien à voir avec la raison. La fuite n'a de but dans ce cas que de s'éloigner du danger. Plus le danger est loin plus le retour de la sensation de sécurité renaît et la fuite cesse. C'est une fuite qui donne la sensation de la sécurité par l'apparence. Cependant c'est souvent un acte de désespoir. Je veux parler de la fuite en avant pour échapper à la réalité et à soi même. Cette fuite consiste à surcharger sa vie de futilités et d'inutilités pour ne pas voir la solitude de son âme et son désespoir. Elle aboutit toujours à l'anxiété et à une grande angoisse, c'est le mal de notre époque. Elle ne touche pas que les non croyants mais aussi de fervents croyants. En fait, le vrai terme n'est pas fuite mais évitement, on cherche à éviter la réalité et à lui échapper. Les fictions télévisées sont une réalité à laquelle ils s'identifient. Ces personnes ont perdus le sens de la réalité et de la fiction.
La fuite à laquelle appelle le Coran est une double fuite. Vous devez vous enfuir de l'état où vous êtes vers Allah. Ce n'est pas tant la fuite qui compte que le but de la fuite. Nous fuyons le danger de notre propre désobéissance vers le seul rempart : Allah. Le chemin que doit suivre un croyant doit justement lui éviter de se mettre en danger. La vraie fuite est une fuite organisée. Nous l'avons planifié à partir du réveil, en passant par le retour à Allah, notre examen de conscience, les méditations externe et interne et par la purification de notre intention de rejoindre Allah.
L'image que vous devez développer dans cette étape est l'image d'une prison et vous êtes le prisonnier. Comment échapper d'une prison ? La fuite doit être planifiée, faire appel aux acquis, à l'expérience et répondre à un besoin vital. Nous ne fuyons pas seulement la prison de notre désobéissance, bien qu'elle soit réelle et insupportable, nous fuyons vers le seul rempart, la seule forteresse contre elle ; vers Allah.
La prison est l'inverse de la forteresse ; la forteresse protège ses occupants de ce qui est extérieur et la prison l'extérieur de ceux qui sont dedans. On pourra presque dire que c'est la même chose, du moins le résultat est le même : une coupure. En fin de compte, la seule vraie différence c'est le choix : ceux de la forteresse ont fait le choix et ceux de la prison subissent le choix des autres. On est enfermé aussi bien pour sa propre sécurité ou pour celle des autres. Quand la présence de la prison est trop grande, elle englobe toute réalité. Ainsi, si la prison aboli la liberté par l'incarcération, comment déshumanise-t'elle les hommes ? La prison fait des hommes dans la plupart des cas des inhumains, elle a perverti et détruit même leurs idées et systèmes de valeurs. La prison a-t'elle cette capacité de détruire l'humain ? Bien sûr que non, la prison n'est qu'une demeure comme la forteresse. C'est l'idée que ce font les hommes de la prison qui lui donne ce pouvoir. On ne peut pas mettre un cerveau en prison, mais on enferme le corps qui l'abrite. Si le cerveau est prisonnier du corps alors oui on peut mettre un cerveau en prison. Ce n'est pas le cerveau que l'on enferme, il était déjà en prison. Fuir notre désobéissance c'est fuir la prison que l'on subi, la fuite est ici un acte de libération. Le but est la forteresse Allah, une forteresse qui va empêcher le retour à la prison du départ. Nous fuyons une prison qui n'existe que dans notre imagination et notre perception du monde. Nous fuyons vers la seule réalité qui n'a jamais cessé d'exister et qui ne cessera pas d'exister Allah. La fuite consiste à s'enfuir de ce qui n'est pas, auprès de ce qui n'a jamais cessé d'être.
Huitième jour, la fuite organisée vers Allah, c'est le jeûne de toute autre protection qu'Allah. Je prie le très Haut pour qu'il nous accueille dans Sa miséricorde et Sa protection. Allah garde nous de toute désobéissance et protège nous de ton pouvoir et de ton oeil qui ne dort jamais et préserve nous du mal. Amen et le salut sur notre bien aimé guide, Muhammad et tous ses compagnons.
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