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KUNTUM... : renaissance d'une nation
 

Le tribalisme : première plaie de la Oumma

Gloire à Allah le tout Puissant qui nous a sorti de l'obscurantisme de l'ignorance vers la lumière de la foi, nous a élu la meilleure communauté sortie pour les hommes, ordonnant le convenable et interdisant le blâmable, et croyant en Dieu. Béni soit-Il, qui nous a gratifié de son dernier messager, que les bénédictions et le salut d'Allah soit sur lui, jusqu'à la fin des temps, et je prie pour les âmes de ses compagnons, qui nous ont transmis son enseignement et qui ont consacré leurs vies pour porter l'islam dans tous les coins de ce monde et je sollicite le très Haut qu'il fasse de nous leurs dignes héritiers. Amin.

Le but de cette rubrique, comme je me suis expliqué dans l'article précèdent, est de mettre la lumière sur les maux qui ont emmené la civilisation musulmane à une décadence. Cette étude réfléchie est le fruit d'une quarantaine d'années d'études et de réflexion, je la propose à la communauté comme point de départ à une réflexion pour un renouveau de l'islam sur la base de ses valeurs originales. Mettre le doigt là où ça fait mal, n'est pas chose aisée. Les uns me traiteront d'agent de l'ennemi, les autres de menteur ou d'ignorant, bref tous les reproches me seront fait. Ma réflexion s'adresse aux générations montantes qui ne se satisfassent pas des réponses stéréotypées qu'on leur propose. Je ne demande à mes lecteurs qu'attention et une minute de réflexion pour juger les arguments et rien que les arguments. Ibn Khaldun, précurseur de la théorie moderne de l'histoire et premier sociologue, disait « l'histoire est une science, elle consiste à méditer, à s'efforcer d'accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits, à connaître à fond le pourquoi et le comment des évènements ». L'auteur d'Al Muqaddima mît en garde contre le piège du mensonge : « il faut combattre le démon du mensonge avec la lumière de la raison » écrivait-il. Faire la lumière sur sa propre histoire sans chercher ni à l'embellir ni à la dénigrer, est un devoir devant les hommes et devant Allah. Dans la civilisation musulmane, il n'y a pas de coins sombres, ni de « cadavres dans les placards », tout est clair. Cet article est une réflexion que j'apporte à ma communauté, à mes enfants, je la propose avec la crainte d'Allah dans mon cour et l'espoir d'une renaissance nouvelle de notre Oumma. Qu'Allah le très Généreux entende ma prière.

On ne peut entreprendre l'étude de la montée et de la chute de l'islam et de sa civilisation sans commencer au début, juste après la mort du prophète, sur lui salut et bénédictions divines. En effet, certains maux ont toujours été là, dès le début, certains ont disparu et d'autres sont apparus au fil du temps. Le prophète nous a quitté sans laisser de testament politique. La tradition tribale d'alors préconisait que le pouvoir reste dans la famille du défunt. Le consensus s'est porté, après d' âpres discussions sur Abou Baker, le plus proche des compagnons et un des premiers à s'être converti. Il se comporta comme l'homme de la situation, un vrai calife du prophète, un successeur. Des tribus arabes refusaient de s'acquitter de la zakat. C'est la première divergence entre musulmans. Leurs arguments étaient que la zakat était due au prophète et à lui seul, puisqu'il est mort, ils ne sont plus redevables de la zakat. Ils restaient musulmans, mais refusaient seulement de s'acquitter de la zakat. Tous les compagnons étaient d'avis de les obliger à appliquer un des piliers de l'islam. La zakat est un des fondements de l'islam, refuser sa légitimité c'est sortir du cercle de la Oumma. C 'est la première fois que des musulmans se combattaient, mais la majorité considérait qu'ils ne combattaient pas des musulmans, mais des renégats. La réalité est toute autre, ce n'est pas tant payer la zakat qu'ils refusaient, que la personne à qui ils la payaient ! Ces tribus ne voyaient pas en la zakat un impôt divin, mais plutôt un impôt de capitulation. Elles s'étaient soumises au prophète et lui payaient un impôt : nul honte à payer un impôt à un prophète de Dieu, dont la religion a fini par triompher. Mais payer à un successeur, un qurayshite, le même impôt c'est pour l'esprit et l'orgueil bédouin inacceptable. Ainsi, au Yémen, Al-Wâqidiy rapporte : Par Dieu ! Nous voici devenus les esclaves des Qurayshites. Ils prennent ce qu'ils veulent de nos biens. Par Dieu ! Que plus jamais Quraysh ne puisse convoiter nos biens désormais.
L'esprit tribal a fini par prendre le dessus sur la notion de Oumma. Ils avaient tort, mais on ne change pas des mentalités séculaires en une dizaine d'années. Abou Baker et tous les compagnons ne voyaient pas dans la zakat un impôt de capitulation, mais un commandement divin. La preuve est que tous les musulmans, quelques soient leurs origines sont redevables de cet impôt. La zakat constitue un des piliers de l'islam, nier un pilier est un acte d'apostasie. Cette expédition prit le nom de « guerre de ridda ». Le mot « ridda ردة » en arabe désigne un rejet, en occurrence le rejet de payer la zakat. Mais il désigne aussi une sécession, une dissidence et une coupure de la Oumma. Les deux sont condamnables aux yeux des compagnons et des musulmans. Ainsi, l'esprit de la « jahiliyah جاهلية  » , ignorance ancienne, prenait le dessus sur les valeurs que l'islam a apporté à ces tribus et à l'humanité. La vision tribale de la société ramenait tout à la tribu et à son chef. Ce dernier avait le pouvoir de vie ou de mort sur les membres de la tribu, il n'était pas le maître après Dieu, il était Dieu. Ce qu'il disait était la loi, il n'avait de compte à rendre à personne et surtout il s'accaparait une grande part du butin et ne payait aucun impôt. On comprend aisément que ces petits rois voulaient retrouver leur indépendance, en conservant leurs traditions tribales. L'islam est venu libérer ces gens de l'esclavage tribal, il a apporté une fraternité qui s'étendait à tout le genre humain. Le prophète, sur lui salut et bénédictions divines, disait : Vous êtes tous descendants d'Adam et Adam était fait de terre. Une même origine et une même faiblesse de constitution devaient rapprocher tous les hommes ; l'islam devait les souder. Dès son arrivée à Médine le prophète, sur lui salut et bénédictions divines, a voulu construire une nouvelle société, réformer les rapports entre ses membres. Les traités, établis entre lui et les tribus environnantes, devaient amorcer la naissance d'une nation, une Oumma. Le traité signé avec les médinois et connu sous le nom de « traité de Médine » est la première constitution qu'a connue l'humanité. Sa base est l'égalité et l'entraide entre les signataires. Cette constitution établissait une entraide militaire et défensive, la liberté de culte, une aide aux plus démunis, garantissait les biens de chacun et dénoncait l'aide aux coupables. Les tribus bédouines étaient désignées par les citadins par le terme de « Al a'rab الأَعْرَابُ  ». Elles ne connaissent qu'une loi, celle de la tribu. Elles n'admettaient qu'un seul chef, celui de la tribu. Le Coran est venu à plusieurs reprises les réprimander après leur conversion. Ces versets se trouvent dans les sourates 9 at Tawba , 33 al Ahsab et 48 al Fath ; ce sont les sourates qui traitent des hypocrites. Voilà comment le Coran décrit ces tribus. En parlant de leur foi, l'Omniscient dit :

الأَعْرَابُ أَشَدُّ كُفْراً وَنِفَاقاً وَأَجْدَرُ أَلاَّ يَعْلَمُوا حُدُودَ مَا أَنزَلَ اللَّهُ عَلَى رَسُولِهِ وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ
Les Bédouins sont plus endurcis dans leur impiété et dans leur hypocrisie, et les plus enclins à méconnaître les préceptes qu'Allah a révélés à Son messager. Et Allah est Omniscient et Sage.
[S 9-V97]

L'esprit tribal prend le dessus sur la vérité, sur la foi. La condamnation la plus dure est la sentence divine « . وَأَجْدَرُ ». Le terme « ajdarou  َأَجْدَر » traduit par « plus enclins à » est en fait, en arabe, une vraie condamnation. La racine du mot est « jadara جْدَر » qui veut dire se cacher derrière un mur, et le mot « ajdarou َأَجْدَر » désigne la nature des individus les plus obstinés, les plus réfractaires, les plus éloignés et les plus cachés. En utilisant ce mot, le Coran nous indique la nature de l'appartenance tribale et désigne cette tendance comme un fait répréhensible. Dans le verset suivant, le Coran nous apprend qu'ils ressentent la zakat comme un poids et souhaite que cela cesse par la défaite des musulmans. Le verset fini par une prière : Que le malheur retombe sur eux! Leur sécession de la Oumma après la disparition du prophète vient de là.

وَمِنَ الأَعْرَابِ مَن يَتَّخِذُ مَا يُنفِقُ مَغْرَماً وَيَتَرَبَّصُ بِكُمُ الدَّوَائِرَ عَلَيْهِمْ دَائِرَةُ السَّوْءِ وَاللَّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ
Parmi les Bédouins, certains prennent leur dépense (en aumône ou à la guerre) comme une charge onéreuse, et attendent pour vous un revers de fortune. Que le malheur retombe sur eux! Allah est Audient et Omniscient.
[S 9-V98]

Dans les versets suivants, ils sont présentés comme des menteurs, des hypocrites qui s'obstinent dans leur hypocrisie. Si l'hypocrisie « nifaq نفاق » est un terme générique qui désigne tous les hypocrites, le Coran prend soin de séparer les bédouins, des citadins. Comme si l'hypocrisie, due à l'appartenance tribale, est plus condamnable.

وَمِمَّنْ حَوْلَكُم مِّنَ الأَعْرَابِ مُنَافِقُونَ وَمِنْ أَهْلِ المَدِينَةِ مَرَدُوا عَلَى النِّفَاقِ لاَ تَعْلَمُهُمْ نَحْنُ نَعْلَمُهُمْ سَنُعَذِّبُهُم مَّرَّتَيْنِ ثُمَّ يُرَدُّونَ إِلَى عَذَابٍ عَظِيمٍ
Et parmi les Bédouins qui vous entourent, il y a des hypocrites, tout comme une partie des habitants de Médine. Ils s'obstinent dans l'hypocrisie. Tu ne les connais pas mais Nous les connaissons. Nous les châtierons deux fois puis ils seront ramenés vers un énorme châtiment.
[S9-V101]

وَجَاءَ المُعَذِّرُونَ مِنَ الأَعْرَابِ لِيُؤْذَنَ لَهُمْ وَقَعَدَ الَّذِينَ كَذَبُوا اللَّهَ وَرَسُولَهُ سَيُصِيبُ الَّذِينَ كَفَرُوا مِنْهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ
Et parmi les Bédouins , certains sont venus demander d'être dispensés (du combat). Et ceux qui ont menti à Allah et à Son messager sont restés chez eux. Un châtiment douloureux affligera les mécréants d'entre eux.
[S9-V90]

سَيَقُولُ لَكَ المُخَلَّفُونَ مِنَ الأَعْرَابِ شَغَلَتْنَا أَمْوَالُنَا وَأَهْلُونَا فَاسْتَغْفِرْ لَنَا يَقُولُونَ بِأَلْسِنَتِهِم مَّا لَيْسَ فِي قُلُوبِهِمْ قُلْ فَمَن يَمْلِكُ لَكُم مِّنَ اللَّهِ شَيْئاً إِنْ أَرَادَ بِكُمْ ضَرَّا أَوْ أَرَادَ بِكُمْ نَفْعاً بَلْ كَانَ اللَّهُ بِمَا تَعْمَلُونَ خَبِيراً
Ceux des Bédouins qui ont été laissés en arrière te diront: «Nos biens et nos familles nous ont retenus: implore donc pour nous le pardon». Ils disent avec leurs langues ce qui n'est pas dans leurs cours. Dis: «Qui donc peut quelque chose pour vous auprès d'Allah s'Il veut vous faire du mal ou s'Il veut vous faire du bien? Mais Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous ouvrez.
[S48-V11]

Le verset suivant vient mettre fin à toutes objections ou excuses. Ce que demande l'islam n'est pas une foi ou une croyance seulement, mais une soumission totale à Dieu. Ce verset rétablit l'ordre des choses : en premier lieu, la soumission, puis vient la foi.

 قَالَتِ الأَعْرَابُ آمَنَّا قُل لَّمْ تُؤْمِنُوا وَلَكِن قُولُوا أَسْلَمْنَا وَلَمَّا يَدْخُلِ الإِيمَانُ فِي قُلُوبِكُمْ وَإِن تُطِيعُوا اللَّهَ وَرَسُولَهُ لاَ يَلِتْكُم مِّنْ أَعْمَالِكُمْ شَيْئاً إِنَّ اللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
Les Bédouins ont dit: «Nous avons la foi». Dis: «Vous n'avez pas encore la foi. Dites plutôt: Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n'a pas encore pénétré dans vos cours. Et si vous obéissez à Allah et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos ouvres». Allah est Pardonneur et Miséricordieux.
[S49-V14]

Appartenir à une tribu n'est pas un mal en soit, c'est ce qui en découle qui pose problème. L'esprit tribal lie sa composante par une relation si forte qu'elle transcende toutes les autres valeurs. Ibn Khaldoun , le géographe et sociologue, appellera ce lien dans sa Muqaddima Prolégomènes, la « 'asabiyah ». Yves Lacoste, professeur émérite à l'université Paris8, fondateur et directeur de la revue 'Hérodote', donne une définition explicite : ''L' 'asabiyah  est un mélange de relation vassalique et de solidarité tribale des forces de la démocratie militaire mis au service d'un chef de tribu qui tend à devenir féodal'' . Le terme de « 'asabiyah عصبية » nous donne comme signification : parenté du coté du père, esprit de parti ou de clan, solidarité ethnique, sectarisme, intolérance, attitude sectaire, fébrilité, agitation, excitation   et nervosité. Le terme employé par Ibn Khaldoun ne s'arrête pas à l'esprit de clan ou de solidarité, mais englobe bien tous ces termes. La solidarité est la partie positive de l' 'asabiyah ; on passe toujours, en cas de conflits, aux parties négatives que sont le sectarisme, l'intolérance pour n'être que du nervosisme. Le tribalisme a eu pour effet, au début de l'islam, de freiner les conversions. Les nouveaux musulmans devaient être des « mayali vassaux, suiveurs » d'une tribu arabe ; si aucune tribu ne vous acceptait, on ne vous reconnaissait pas le statut de musulman. Cette attitude va créer parmi les nouveaux convertis, beaucoup de mécontents ; mécontentement qui atteindra son paroxysme par le meurtre du troisième calife Uthman. Certaines tribus se sont senties assez fortes pour s'opposer au nouvel état et changer les lois établies par le prophète. Les guerres entre clans, ont toujours court même de nos jours. La création de l'Arabie Saoudite est la victoire, grâce aux anglais, d'Ibn Saoud. On voit que s'allier avec son ennemi contre son frère de foi, ne pose pas de problèmes pour un chef de clan, l' ' a s abiyah   est la plus forte. De nos jours l'Irak, la Jordanie, toute la péninsule arabe et beaucoup d'autres pays arabes, dans une moindre importance, sont ravagés par les luttes tribales. Des assassinats sont commis au nom de l'honneur de la tribu, des injustices sont maintenues, au nom de la suprématie d'un clan. Le prophète, sur lui salut et bénédictions divines, nous avait mis en garde contre de tels comportements. Muslim a rapporté sous le titre « L'ordre de s'unir au groupe (les musulmans) quand apparaissent les épreuves » les deux hadiths suivants :

عَنْ جُنْدَبِ بْنِ عَبْدِ اللَّهِ الْبَجَلِيِّ ، قَالَ قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم ‏"‏ مَنْ قُتِلَ تَحْتَ رَايَةٍ عُمِّيَّةٍ يَدْعُو عَصَبِيَّةً أَوْ يَنْصُرُ عَصَبِيَّةً فَقِتْلَةٌ جَاهِلِيَّةٌ ‏"‏
Celui qui meurt sous une bannière égarée par l'orgueil appelant pour un sectarisme ou voulant faire triompher un sectarisme meurt d'une mort préislamique « jahiliyah ».

عَنْ أَبِي هُرَيْرَةَ، عَنِ النَّبِيِّ صلى الله عليه وسلم أَنَّهُ قَالَ ‏"‏ مَنْ خَرَجَ مِنَ الطَّاعَةِ وَفَارَقَ الْجَمَاعَةَ فَمَاتَ مَاتَ مِيتَةً جَاهِلِيَّةً وَمَنْ قَاتَلَ تَحْتَ رَايَةٍ عُمِّيَّةٍ يَغْ-Vضَبُ لِعَصَبَةٍ أَوْ يَدْعُو إِلَى عَصَبَةٍ أَوْ يَنْصُرُ عَصَبَةً فَقُتِلَ فَقِتْلَةٌ جَاهِلِيَّةٌ وَمَنْ خَرَجَ عَلَى أُمَّتِي يَضْرِبُ بَرَّهَا وَفَاجِرَهَا وَلاَ يَتَحَاشَ مِنْ مُؤْمِنِهَا وَلاَ يَفِي لِذِي عَهْدٍ عَهْدَهُ فَلَيْسَ مِنِّي وَلَسْتُ مِنْهُ ‏"‏ ‏.‏
Celui qui sort de l'obéissance, quitte le groupe des croyants et meurt, il meurt d'une mort préislamique. Et celui qui meurt sous une bannière égarée par l'orgueil, se fâchant pour un sectarisme ou appelant pour un sectarisme ou cherchant à faire triompher un sectarisme, sa mort est une mort préislamique. Et celui qui combat ma Oumma, frappant ses innocents et ses corrompus sans éviter ses croyants, et qui ne tient pas ses promesses, celui là, il n'est pas de moi et je ne suis pas de lui.

L'expression  « il n'est pas de moi et je ne suis pas de lui » veut dire qu'il ne fait pas partie des musulmans. Le prophète, sur lui salut et bénédictions divines, renie le comportement de ce genre de personnes. L'expression « rayah رَايَةٍ » indique une bannière, une idée, un idéal et plus généralement, tout ce qu'on suit. Le terme de « ' oummiyyah  عُمِّيَّةٍ » indique l'aveuglement, l'état de quelque chose de sombre par sa noirceur ; elle indique aussi l'orgueil, l'égarement et la perte de la réalité. Tout cela représente l'esprit tribal, il place le groupe au dessus du commandement d'Allah.  

Une anecdote à ce sujet. Un jour, un homme furieux contre Salman Al Farissi , lui dit comme une insulte : Qui est ton père. Salman, dont le prophète, sur lui salut et bénédictions divines avait dit : « Salman est de ma famille », répondit : « je suis fils d'Islam ». Omar qui était à côté de lui, se lève et dit : « et moi, Omar je suis son frère ». Cette anecdote rappelle que peu après la mort du prophète, la notion de Oumma n'a pas pris le dessus sur le nasab , la lignée tribale. Cette plaie, qui a causé tant d'injustices, et qui en causera encore, est une spécificité du monde arabe et de quelques pays d'Asie, tel que l'Afghanistan. L'Afrique du nord est en grande partie sortie de l'obscurantisme du tribalisme, l'Afrique noire est encore dedans. Le reste du monde est épargné. Comment combattre ce fléau ! Un musulman qui craint Dieu doit appliquer les étapes suivantes :

1- Admettre au fond de soi que c'est un mal, symbole d'un obscurantisme de l'époque préislamique. L'amour de la justice et la crainte de Dieu doivent prendre le dessus sur les considérations partisanes.

2- Appeler les autres musulmans à condamner ce fait et à le combattre avec des méthodes pacifiques d'éducation, de dialogue, de persuasion et de conciliation.

3- Si un groupe cherche à faire triompher sa bannière, appliquer le commandement divin de la sourate 49 verset 9 :

 وَإِن طَائِفَتَانِ مِنَ المُؤْمِنِينَ اقْتَتَلُوا فَأَصْلِحُوا بَيْنَهُمَا فَإِن بَغَتْ إِحْدَاهُمَا عَلَى الأُخْرَى فَقَاتِلُوا الَتِي تَبْغِي حَتَّى تَفِيءَ إِلَى أَمْرِ اللَّهِ فَإِن فَاءَتْ فَأَصْلِحُوا بَيْنَهُمَا بِالْعَدْلِ وَأَقْسِطُوا إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ المُقْسِطِينَ
Et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l'un d'eux se rebelle contre l'autre, combattez le groupe qui se rebelle, jusqu'à ce qu'il se conforme à l'ordre d'Allah. Puis, s'il s'y conforme, réconciliez-les avec justice et soyez équitables car Allah aime les équitables.
[S49-V9]

Il faut commencer par appliquer le deuxième principe : éducation, dialogue, persuasion et conciliation. Même après la partie négociation, le terme de « combattez » n'indique pas forcement l'usage de la force et des armes. Un blocus économique ou une pression quelconque sont préférables à l'usage de la force. Le principe de base est la sacralité du sang musulman, de ses biens et de son honneur. L'usage de la force vient en dernier et doit être limité et proportionné : le but est le retour au droit et non la soumission de l'agresseur. Faire triompher le droit est un devoir religieux avant d'être un devoir civique.

4- Prendre les mesures nécessaires pour que cela ne se reproduise pas ; commettre une injustice envers un des protagonistes et c'est le conflit qui repart. Il faut que les mesures satisfassent tout le monde et soient conformes évidemment au principe de l'islam. Il n'est pas pensable d'arriver à un accord contraire à l'islam, dans ce cas, seule la contrainte est de mise.

5- Eduquer les masses sur ce fléau, même quand il ne touche pas le pays, comme c'est le cas en France. La conscience individuelle de chaque musulman doit être en éveil et sensibilisée aux problèmes de la Oumma. C 'est le hadith sur la solidarité qui est la règle de conduite : « la Oumma doit être comme un seul corps ». Et ce corps doit comprendre de quoi il est malade. Omar disait que l'islam disparaîtra le jour où naîtront dans la Oumma des personnes qui ne connaissent pas les maux de la jahiliyah.

Le tribalisme a pris dans les sociétés non tribales un autre visage : celui des partis politiques. Cela ferra l'objet d'une autre réflexion. J'ai dit ce que j'ai écrit en n'ayant que la crainte d'Allah et l'amour des musulmans dans le cour, priant le très Savant et très Miséricordieux de pardonner mes erreurs et d'agréer mon travail. N'hésitez pas, mes frères et soeurs, à me corriger et à m'enrichir par vos commentaires, puisque ceci est une base de réflexion commune à toute la nation. Ce qui est juste nous vient d'Allah et toute erreur ou omission n'est qu'une de mes faiblesses humaines et l'islam et son prophète en sont innocents.  

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